Les agglomérations, un levier pour la coopération
- par cevAde | Janvier 25, 2023
Une politique fédérale incitante
Les collectivités présentent souvent les agglomérations comme un outil de financement, les partenaires du projet comptabilisent les millions reçus et vantent leurs réalisations. Par-delà la manne fédérale, c’est surtout un puissant levier pour structurer le développement du territoire, améliorer le système de transports, engager une transition vers des déplacements plus collectifs, moins polluants, moins gourmands spatialement.

Le fait de travailler à l’échelle de périmètres fonctionnels (caractérisés entre autres facteurs par les mouvements pendulaires) a permis de passer à la vitesse supérieure relativement aux énormes enjeux du développement des établissements humains. La planification enjambe ainsi les limites institutionnelles pour acquérir cohérence et efficacité. Quatre et bientôt cinq cycles de projets d’agglomération ont transformé les périmètres de planification en bassins de vie auxquels il est petit à petit possible de s’identifier. Pour les habitant·es c’est encore une dimension technique un peu nébuleuse qui peut inquiéter. Par exemple, il y a 10 ans la dénomination de l’agglomération franco-valdo-genevoise en l’appellation Grand Genève a suscité quelques crispations parmi les partenaires. Mais l’important n’est pas tant de se penser habitant·e d’une agglomération que de comprendre et d’adhérer à son principe fondateur, soit la coopération qui dynamise et améliore le quotidien avec la réalisation d’infrastructures. Cette logique incontournable est désormais mieux comprise et plébiscitée.
Mais au-delà des réalisations concrètes, en moins de vingt ans la politique fédérale des agglomérations a réussi le pari de fédérer les institutions de ces bassins de vie, de contribuer au développement de coordination autour d’objectifs partagés et de moyens de mise en œuvre, entre les autorités politiques aux différentes échelles. Ce dialogue continu, du fait de la récurrence des échéances de dépôt des projets d’agglos, tisse un récit qui évolue à un rythme soutenu. Le programme d’agglomération permet en effet de revisiter le projet tous les quatre ans, c’est rapide et exigeant en matière d’engagement, mais en même temps assez efficient en comparaison des temporalités extrêmement longues des planifications. Les agrégations de collectivités, conventionnées ou formalisées, travaillent de manière volontaire et non contraignante, cela contribue aussi à une forme d’agilité et de pragmatisme dans la coopération. Le consensus est à créer chaque fois, à chaque projet, à chaque renouvellement politique des instances, parfois nombreuses pour les agglos transfrontalières et non exempt de difficultés et d’âpres négociations. Finalement le résultat est parfois un peu en deçà des espérances, mais relativement solide.
L’urgence climatique conditionne désormais toutes les démarches, il structure le fil des futurs projets d’agglomération. Chaque collectivité doit prendre des décisions ardues pour engager in fine une évolution sociétale. La complexité de la tâche donne le vertige. Renforcer, valoriser cette « culture » de la coopération installée depuis deux décennies, en dynamisant cette échelle pertinente d’action, peut contribuer à l’engagement de mesures coordonnées et ainsi plus efficaces.